Vincent LEBOURGEOIS
Entreprise de travaux agricoles, forestiers et paysagers



SÉCURISEZ VOTRE MAÏS POUR MIEUX LE VALORISER

Le maïs grain conservé humide.

Le maïs grain humide, qu'il soit conservé broyé sous forme d'ensilage ou entier sous forme d'inertage, est une matière première naturelle, produite et consommée sur l'exploitation.

Valoriser son maïs, permet de gagner en autonomie alimentaire et de mieux maîtriser son prix de revient… surtout lorsque l’on observe la flambée des prix des matières première de 2008.

Économie de frais de séchage, haute valeur nutritionnelle, simplicité d’utilisation, font du maïs grain conservé humide un aliment de choix pour la plupart des animaux.

Le maïs grain conservé sous forme humide est utilisé comme complémentaire du maïs fourrage ou de l'herbe par les vaches laitières et les bovins à l’engrais. Il peut constituer la matière première essentielle (50 à 75 % de la ration) pour les porcs, les volailles et les palmipèdes.

Conservé sous forme humide, le maïs garde toutes ses propriétés nutritionnelles (énergie, protéines, minéraux, vitamines, pigments,…). L'acidification induite par cette conservation est bénéfique à la digestion des animaux.



 

Un mode de conservation du maïs grain en forte progression en France.

Utilisée pour l’alimentation du porc depuis les années cinquante, cette technique est aujourd’hui très largement répandue en France. L’amélioration considérable de différents outils de conservation a permis d’envisager son utilisation pour d’autres types d’animaux.
De plus, face à la forte augmentation du prix de l’énergie et la nécessité de préserver les ressources en énergie fossile, cette technique présente l’avantage de s’affranchir des coûts inhérents au séchage du grain mais également de son transport lorsque le maïs est conservé et utilisé sur la même exploitation.

En 2007, 140 000 doses de semences de maïs ont été vendues pour une conservation et valorisation en grain humide, soit une production de 80 000 à 85 000 ha :

- 60 % sur la façade Atlantique :
Bretagne (environ 23 000 ha), Aquitaine (environ 12 000 ha), Pays de Loire, Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées.

On constate que dans d’autres régions (Rhône-Alpes et Alsace) la conservation du maïs grain humide est également présente.

- La répartition selon le type de maïs est la suivante : 1/3 de variétés très précoces à précoces, 1/3 de variétés demi-précoces et 1/3 de variétés demi-tardives à très tardives.


 

 

Nombre de doses de semences de maïs (semis 2008),
pour une production de maïs grain conservé humide



 

Deux techniques de conservation du maïs grain humide:
Grains broyés ou grains entiers


Le maïs grain humide broyé
conservé sous forme ensilée


Après la disparition de l'oxygène dans la masse (tassement), le développement des bactéries anaérobies entraîne, à partir des sucres (glucose),
une acidification de l'ensilage avec production
d'acide lactique. Les bactéries lactiques, actives
en milieu acide et peu nombreuses au départ, se multiplient rapidement, colonisent le silo et font obstacle aux clostridies butyriques et acétiques sensibles à l'acidification du milieu.


La récolte est réalisée entre 34 et 38 % d'humidité.
À ce niveau d'humidité, le grain est totalement rempli.
Il faut néanmoins le surveiller dès le stade pâteux, car une récolte à humidité trop faible (moins de 30 %) compromet la bonne conservation ultérieure ; le tassement est moins efficace et la masse de farine garde des espaces pour l’air qui rend possible le développement d’une microflore défavorable.

Le broyage est réalisé avec un broyeur spécifique
au fur et à mesure de la récolte, à proximité du silo.
La mouture recherchée sera d'autant plus fine que le maïs est moins humide. Pour cela, il est
indispensable de disposer d'un jeu de grilles ou de plaques interchangeables : 80 % des particules
doivent avoir un diamètre inférieur à 2 mm afin de faciliter le tassement. L'utilisation d'un cyclone en
bout de tuyauterie d'expulsion lors du remplissage
du silo assure l'homogénéité du mélange.

Pour le stockage, le choix du type de silo (boudin, taupinière, couloir ou tour), dépend de la taille de l'élevage et de ses besoins, de la possibilité de financement et de la main-d’oeuvre disponible. Le stockage en boudin est une nouvelle technique développée aujourd'hui pour les bovins.
Un m3 d'ensilage représente une tonne de maïs en
silo couloir. La configuration doit permettre un
désilage frontal journalier de 5 à 10 cm d'épaisseur.
Il est indispensable de réaliser un bon tassement et d'assurer une parfaite étanchéité. Le silo-couloir
placé sous abri, et à plus forte raison le silo-tour entièrement mécanisable, offrent plus de confort de travail et de sécurité.



Le maïs grain humide
entier conservé inerté


L'inertage est un processus de conservation naturel en absence d'air (anaérobie). La respiration des grains ainsi que la microflore présente consomment rapidement l'oxygène interstitiel (15 heures après la fermeture du silo). Le gaz carbonique produit occupe alors le volume interstitiel, inhibant ainsi toute activité enzymatique.



La récolte est préconisée à des humidités comprises
entre 24 et 32 %. Le grain humide est immédiatement mis dans un silo étanche à l'air. À faible humidité, le maïs grain se trouve naturellement dans un milieu inerte durable. À humidité plus élevée, la disparition de l'oxygène s'accompagne d'un processus fermentaire plus intense, favorisant le développement d'une flore lactique. Dans tous les cas le silo doit rester étanche à l'air.

Le choix de l'équipement de stockage est raisonné en fonction du type d'élevage, de sa taille et de l'humidité habituelle de récolte.

Le big-bag contient 800 kg de maïs humide. Adapté aux élevages de petites tailles, il est constitué d'une enveloppe extérieure, doublée d'une poche interne recevant le grain et assurant l'étanchéité.

Le silo souple (capacité variant de 20 à 200 tonnes) étanche à l'air est particulièrement adapté à la conservation par inertage. Il est équipé d'un cône pour faciliter la reprise par le bas. Le cône est en béton enterré pour augmenter le volume utile sous abris. Rempli par le haut du silo, le maïs grain est repris par le bas grâce à une vis équipée d'une fermeture hermétique, la toile s'abaissant au fur et à mesure du désilage. L’extraction du grain se fait chaque jour au rythme des besoins de l’élevage.

Le silo tour est plus adapté aux élevages de grande taille car leur capacité varie de 200 à 1200 m3. Ils sont construits en acier vitrifié. Un mètre cube de maïs grain inerté pèse 800 à 850 kg. Implanté à l'extérieur sur une assise en béton avec cône enterré, il est rempli au fur et à mesure de la récolte soit avec transporteur pneumatique soit à partir d'une fosse avec élévateur à godets. L'installation d'un poumon est recommandée pour gérer les variations de pression à l’intérieur du silo en fonction des températures jour et nuit et éviter ou retarder les échanges avec l’atmosphère pauvre en oxygène à l'intérieur du silo.



 

La récolte précoce du maïs grain conservé humide, gage d’une
bonne qualité sanitaire




La qualité du maïs grain se gère du champ à l'animal. Le maïs grain humide, récolté tôt en saison, réduit le risque de mycotoxines au champ. La qualité sanitaire du maïs grain conservé broyé ensilé ou entier inerté dépend en partie de son statut sanitaire au moment de la récolte. En cours de conservation, le processus d’anaérobiose est favorable au maintien d’une bonne qualité sanitaire.



Connaître les parcelles
afin d’organiser la récolte


À l'approche de la récolte, il est possible de prendre en compte les conditions de culture aux champs. Pour cela, il est nécessaire de visiter chaque parcelle afin de noter l'état de la culture avant récolte et fixer les dispositifs à mettre en place pour la récolte et le stockage.

Prévoir la récolte en fonction de la date de semis, la date de floraison et de la variété afin d’en déduire la date de maturité du grain. La date de maturité physiologique passée il n'y a plus rien à gagner à laisser le maïs au champ, si ce n'est une perte d'humidité (sans intérêt pour une conservation humide) et surtout un risque de dégradation de la qualité sanitaire et un risque d'augmentation de la verse. Chaque variété se caractérise par un besoin en somme de température pour son développement et atteindre la maturité. Il est donc possible, en fonction des conditions climatiques de l'année, de calculer la date de maturité physiologique.



Réaliser une récolte
précoce pour une bonne qualité sanitaire


Fin août/début septembre, à l’approche de la récolte,
il est important de visiter les parcelles de maïs et d’observer :

- le pourcentage de plantes "blessées" ou ayant des perforations sur la tige et/ou les épis ou des traces de débris résultant des galeries faites par les insectes foreurs. Leurs dégâts occasionnent des plaies ouvertes à la colonisation par les champignons Fusarium qui pourront produire d'autant plus de toxines que la récolte est retardée.

- les conditions climatiques de l'année, les excès climatiques comme le manque d'eau suivi d'épisodes pluvieux répétés autour de la floraison sont autant de stress affaiblissant la plante et laissant la possibilité aux champignons de s'installer.



Récolter des grains propres,
nettoyer au maximum au champ


Le jour de la récolte, au démarrage de chaque parcelle, il est nécessaire de vérifier l'état des épis et plus particulièrement juger le pourcentage de pointe d'épis ou de parties présentant des dégradations importantes, voire des pourritures. Dans une telle situation, il faut ajuster les réglages de la moissonneuse-batteuse quitte à ralentir le chantier pour mieux nettoyer.


 

Du maïs grain humide
pour alimenter tous les animaux


Le maïs humide pour les porcins :
une technique aujourd’hui
largement répandue


Pour les truies, la concentration énergétique élevée
du maïs favorise un bon état d'engraissement des truies après le sevrage et en fin de gestation. L’utilisation principale de maïs humide dans l'aliment (60 %) couvre efficacement les besoins élevés de la truie allaitante.

Les performances de truies alimentées avec du maïs humide entier inerté sont comparables à celles obtenues avec des aliments à base de maïs ou de blé sec. À la misebas, les porcelets sont plus vigoureux
et la longévité des truies est assurée.

Pour les porcelets, les aliments à base de maïs humide sont très appétants et bien consommés. L'acidité élevée de l'aliment contribue à un bon état sanitaire avec absence de diarrhée d'origine alimentaire. Avec le maïs grain humide, la croissance des porcelets et l'indice de consommation sont du même ordre qu'avec des rations à base de maïs sec. La distribution de l'aliment à base de maïs humide doit être maîtrisée et coordonnée pour satisfaire une alimentation à volonté sans accumulation d'aliment humide non consommé.

Pour les porcs charcutiers, la distribution de rations à base de maïs humide ensilé ou inerté entraîne une amélioration de l'indice de consommation relativement à un aliment témoin à base de maïs sec. L'amélioration de la digestibilité du phosphore constatée avec le maïs humide permet de réduire les apports de phosphore minéral dans l'aliment et en conséquence de réduire les rejets en cet élément. Les rations à base de maïs humide induisent un profil en acides gras des gras
de porcs favorable à la qualité des produits de salaisonnerie.



Le maïs humide pour les bovins :
de l'amidon digestible dans le rumen
et dans l'intestin


L'objectif est d'apporter une quantité suffisante d'amidon dégradable dans le rumen pour satisfaire l'équilibre nutritionnel et prévenir les risques de pathologie digestive (acidose), tout en préservant une quantité d'amidon digestible dans l'intestin. Le maïs inerté offre une dégradabilité ruminale intermédiaire entre le maïs grain sec et le maïs humide broyé ensilé.

Sur le plan pratique, pour l'engraissement de jeunes bovins de race Blonde d'Aquitaine, une ration complète et équilibrée à 90 PDI/UFV peut être distribuée. Elle se compose de maïs humide, de tourteau de soja (ou autre complémentaire protéique) et d'un aliment minéral et vitaminique. Le maïs grain humide entier peut être distribué en grains entiers (humidité > à 30 %). Il doit être concassé ou aplati lorsqu'il est plus sec (< à 30 %).

Riche en énergie, il constitue un bon complément pour les rations des vaches laitières notamment en période de pâturage. Les vaches peuvent en consommer de 2 à 6 kg par jour, en fonction des autres composants de la ration ; il n’y a pas de problèmes digestifs tant que l’on ne dépasse pas 28 % d’amidon dans la ration, et l’optimum d’efficacité se situe entre 22 et 25 %.

Le gavage des canards au maïs humide :
une technique prometteuse


En gavage, les deux formes de maïs humide confèrent des propriétés technologiques intéressantes à la pâtée (bonne texture). Le maïs inerté, broyé avant la réalisation de la pâtée, ne modifie pas le comportement alimentaire des canards ni leurs performances en foie gras. Le maïs ensilé conduit à une acidification importante de la pâtée qui doit être corrigée. Il présente alors une bonne efficacité alimentaire sans pénalisation des morceaux de découpe.

Le maïs grain humide peut aussi nourrir les
poules pondeuses, les poulets de chair et
engraisser les agneaux …


… à condition de maîtriser une distribution journalière suffisante mais sans excès. Le maïs grain humide stimule l’appétit du poulet et son acidité a un impact positif sur sa santé. L’engraissement des agneaux avec du grain humide entier, simple d’utilisation, permet d’obtenir des carcasses de très bonne qualité.


Information provenant de :

ARVALIS - Institut du Végétal
Fédération Nationale de la Production
des Semances de Maïs et de Sorgho
SEPROMA




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Agrément BN00153 du 02/02/1998 délivré par le SRPV: BASSE-NORMANDIE - SIRET : 34185578100017
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